L’interview d’un Ultra-Terrestre : Philippe Lechable et son UTMB

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Marathon
Course
Running

Trailer heureux en bord de rivière
Philippe Lechable : Un trailer HEUREUX

INTRODUCTION

Le monde de la course à pied présente d’agréables surprises. Et celles que j’apprécie le plus sont les belles rencontres que l’on peut faire.

Parfois, ces rencontres sont furtives et se limitent à un sourire, un encouragement. Et parfois, on a plus le temps d’échanger, et même de sympathiser.

C’est ce qui s’est passé pour mon voyage à Rome. Etant parti avec l’agence Sportifs à Bord (http://www.sportifsabord.com/), je me suis retrouvé dans un petit groupe de 11 personnes.

Et parmi ces personnes, il y a deux gars exceptionnels. 

Ni une, ni deux, quand ils m’ont raconté leur parcours et leurs expériences de course, je leur ai demandé de se prêter à ce jeu de l’interview pour alimenter mon blog et surtout pour vous donner ici et là de précieux conseils.

Nous commençons avec Philippe Lechable et notamment son récit de course de l’UTMB (Untra Trail du Mont Blanc).

L’INTERVIEW D’UN ULTRA-TERRESTRE : PHILIPPE LECHABLE ET SON UTMB

Bonjour Philippe,

D’abord je te remercie d’avoir accepté cette discussion. Je compte sur toi pour nous alimenter de pleins de conseils et d’anecdotes riches. Et de nous faire rêver au sujet de l’UTMB…

Philippe, quel est ton terrain de jeu habituel et sans être trop indiscret, situe-nous ta situation maritale et professionnelle ?

Réponse : Tout d’abord bonjour à tous, c’est avec grand plaisir et fierté que je vais répondre à cet entretien. Je vais essayer de vous faire partager ma passion le mieux possible.

Allez c’est parti et découvrons ce que David m’a réservé comme surprises.

Donc j’ai 50 ans, je vis en Bretagne et je suis en couple. Coté professionnel, je suis responsable d’une dizaine de magasiniers (expéditions – réceptions – préparations commandes) dans une entreprise d’environ 200 salariés au total.

ROUTE OU TRAIL

D’abord, dis-nous si tu es plutôt course sur route ou trail ?

Réponse : Comme tout le monde j’ai commencé par la route puis j’ai basculé sur le trail voilà 5 ans avec mon premier « gros «  trail de montagne qui était la « 6000 D » (65 kms pour 3300   D+)

Qu’est-ce que tu aimes dans le trail ?

Réponse : Le trail me permet dans un premier temps de découvrir une région, un lieu de manière différente que par le biais de la route car nous prenons souvent des itinéraires uniquement ouverts le jour de la course et ça c’est TOP !

Ensuite, l’ambiance entre coureurs n’est pas la même que sur route (quoique des fois on tombe sur des spécimens ! LOL). Il existe en règle générale une solidarité entre les coureurs que je ne retrouve pas sur les courses sur route. Je prends parfois le temps de discuter avec les bénévoles en ayant toujours un petit mot de remerciement car sans eux, les courses ne pourraient exister.

Trail Alpes

Ecœure nous un peu et donne nous tes meilleurs chronos sur plusieurs distances ?

Réponse : OULALA , voilà une question bien embarrassante car je ne cours pas pour le chrono. En règle générale, pour moi le but final est de terminer une course sans blessure et de pouvoir enchainer rapidement sur un autre objectif sans être trop courbaturé.

Mais pour répondre à la question, j’ai réalisé 43 mn sur 10 kms, sur marathon un record à 3H29 à Paris en 2013 (ça c’est pour le coté route). Coté trail, j’ai réalisé 24H30 sur le 177 kms de l’ultra marin à Vannes, 8H06 sur la Sainté Lyon (73 kms), 11H48 sur le grand trail des Templiers (78 kms).

Combien de KM annuel, cours tu ? Quel est ton régime hebdomadaire moyen, c’est-à-dire tes séances d’entraînement ? 

Réponse : Depuis 3 ans, je parcours entre 2700 et 3000 kms par an.

Ma semaine classique d’entrainement est composée de 3 sorties de courses à pied avec du spécifique selon les sorties, 2 séances uniquement de renforcement musculaire en salle et 2 séances de cardio également en salle. Si vous faites le total cela fait bien 7 jours de sport par semaine donc 1 séance par jour sauf quand j’ai Kiné où je ne fais rien. 

RECITS DE COURSES : UTMB…

Concernant les marathons, et je l’ai vécu à Rome (https://objectif-running.com/comment-cest-le-marathon-de-rome/) car tu m’as soutenu pour que je réussisse mon objectif de moins de 4 heures, tu as une particularité, si tu vois ce que je veux dire (Philippe filme en Go pro). Explique-nous pourquoi et ce que tu fais de ces films ?

Réponse : Tout d’abord, j’ai été ravi de finir avec toi ce marathon et je suis très heureux pour toi que tu aies réalisé ton objectif de 4H. Encore BRAVO à toi !

En effet, je filme les marathons (uniquement à l’étranger, je précise) que je cours car le temps passé dans la ville est relativement court et je n’ai pas la possibilité de tout visiter. C’est pourquoi je prends ma petite caméra pendant la course et je filme tout ce qui me semble intéressant (il est vrai que j’aime également l’histoire). De plus, cela permet de partager avec le reste de la famille et amis qui viennent avec moi sur ces marathons en tant qu’accompagnateur(s) voir même coureur(s).

Une fois à la maison, je réalise un petit montage d’environ 45 mn puis nous nous réunissons autour d’une bonne table pour se remémorer du séjour avec visionnage du film en fin de repas. C’est un moment vraiment GENIAL et chacun repart avec une copie du film. Je ne mets jamais ces  vidéos sur You tube ou autre chaine car je veux que cela reste « à nous » si je puis dire.

D’ailleurs David, je vais t’envoyer une petite vidéo de ton marathon de Rome que j’ai filmé ainsi que quelques photos si tu veux. Tu pourras alimenter ton blog. 

Si tu devais faire un tiercé, quelles sont tes trois courses favorites ?

Réponse : Sans originalité, l’UTMB en premier bien sûr.

En second, je mettrai une course Bretonne à savoir le trail de Belle-Ile en mer et ses 83 kms le long de ses côtes : une course vraiment très jolie mais également très dure de part ses relances constantes.

Pour la troisième, j’hésite car étant toutes différentes les unes des autres il n’est pas facile de faire un choix. Je pencherais malgré tout pour la Sainté Lyon car départ à minuit et en plus j’étais dans la région où réside une partie de la famille. D’ailleurs un neveu et sa femme m’ont accompagné pendant toute la course et ça c’était COOL malgré les conditions. 

Tu as un grand cœur et tu vas nous le prouver dans un instant. Peux-tu nous raconter ton récit de l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) ?

Réponse : Je ne sais pas si j’ai un grand coeur comme tu le dis, David, mais il est vrai que l’UTMB restera pour moi une course vraiment particulière.

Tout d’abord, cela commence par le tirage au sort positif début Janvier. Grand moment de joie mais qui retombe vite car la grandeur de la tâche ne s’annonce pas simple.

Cet UTMB, je vais le faire avec Gildas. Un gars que j’ai connu 3 mois avant par le biais d’un ami commun. Gildas souffre de la maladie de spondylarthrite ankylosante (maladie qui paralyse les articulations).

Trailers sur le parcours de l'UTMB

Je connais les 100 derniers kms de l’UTMB car j’ai couru la CCC en 2016 et ceci est un gros avantage sur ce genre de course. Gildas me fais confiance car j’ai déjà plusieurs trails en montagne à mon actif.

C’est parti pour le récit:

UTMB voilà quatre lettres qui depuis le mois de Janvier sont dans mon esprit nuit et jour.

Pourquoi ? Vous les amis connaisseurs du trail vous savez qu’il s’agit de la course que tous trailers rêvent de faire dans sa vie. C’est comme le marathon de New York pour un marathonien , c’est le must du must. UTMB pour Ultra Trail du Mont Blanc à savoir 170 Kms autour du Mont Blanc avec 10 000 M de D+. Là cela commence à piquer, sans même avoir couru le moindre km.

Bref j’ai eu la chance de pouvoir participer à cette aventure et c’est avec un grand plaisir que je vais vous la raconter :  Le départ est prévu le vendredi 31 Août à 18h donc je fais une grosse sieste dans l’après midi.


Sieste qui va être perturbée à 14 h par un texto de l’organisation qui active le kit obligatoire « grand froid » car dégradation des conditions météos pour la nuit avec des températures de moins 10 degrés annoncées.

Là, je rigole déjà moins, mais bon ce sont les aléas et il faut faire avec, et Merde !  il faut refaire le sac.

17 h, nous sommes sur la ligne de départ. C’est la première course de Gildas en montagne et il appréhende un peu cette première nuit. C’est prévu que je l’accompagne jusqu’à Courmayeur au km 80 et qui est la base de vie de mi-parcours de l’UTMB puis après chacun fera sa course.

Sur la ligne de départ de l’UTMB, la musique de Vangelis commence et les poils se dressent, la chair de poule, trop bien!!

Il pleut mais ce n’est pas grave on est comme des gamins heureux, on se motive , on se tape dans les mains puis le décompte et c’est parti pour 170 bornes! 

On cherche la famille de Gildas et ses amis à travers cette foule immense…  Ah la vache !! le monde c’est impressionnant !! tantôt on marche.. puis on court.. puis on s’arrête.. et ça repart!  GENIAL ce départ !

Le début de course se passe bien, on est dans un rythme cool avec un premier col « le Delevret » qui est une bonne mise en jambe.
On arrive aux Contamines en 4H49 de course pour 32 kms. Là on prend un bon ravito : soupe,  car on va attaquer la montée vers le refuge du col du Bonhomme et en effet il fait froid : le brouillard s’en mêle également, on ne voit pas à 20 mètres ! il faut faire attention et surtout ne pas trainer en haut.

Vite redescendre vers les Chapieux pour y trouver un peu de chaleur.

De nouveau soupe puis c’est au tour du « col de la Seigne  » en Italie, de se présenter devant nous. Là encore la météo est identique, pas facile et on attend avec impatience le petit jour qui arrivera alors de notre descente vers le lac Combal.

Nous sommes au km 66 et nous avons 13H25 de course dans les jambes… Tout va bien pour moi mais je sens que la nuit a laissé des traces sur Gildas. Encore 14 kms et nous arriverons à Courmayeur que nous avions prévu en 15H30. Nous y serons en 16H30, pas mal, vu les conditions de la nuit. Tout le monde nous attend et c’est déjà une belle victoire… Mais nous n’en sommes qu’à la moitié.

Ravito, douche, changement de tenue et sieste : au total 1H40 de pause et c’est là que je prends la décision de rester avec Gildas et de ne pas le laisser seul sur cette deuxième partie. Pendant qu’il se douche, je préviens sa femme de ma décision que je souhaite rester avec lui : Elle ne veut pas et me dit de faire ma course. Trop tard, ma décision était déjà prise et je vois le soulagement dans ses yeux ainsi que dans celui de ses enfants :  Gildas ne sera pas seul.

En effet il me parait vraiment marqué par cette première nuit et il en reste une deuxième à passer… Pas grave pour mon chrono perso, il veut être finisher ,moi aussi, ça tombe bien.

Pour moi tout va toujours bien, pas de grosses douleurs malgré une très grosse descente sur Courmayeur qui a fait mal aux cuisses. On repart pour objectif Champex lac au km 123.

Après une montée sur Bertone, on peut dérouler pendant 12 km jusqu’à Arnouvaz car c’est relativement plat et ça fait du bien de courir un peu sans trop se faire mal.

A Arnouvaz, les organisateurs nous ordonnent de mettre le pantalon de pluie car une tempête est annoncée dans la montée du « grand col Ferret » et voilà le cauchemar météo qui nous poursuit :  La montée va durée 1H30 dans le vent,… la pluie, … le froid car -5 degrés … et le brouillard au sommet !!! Ooooouuuuuuiiiiiiiiiillllllleeeee là c’est dur… mais on serre les dents on bascule vite fait dans la descente pour atteindre La Fouly au km 111 en 26H45 de course, 10 minutes de pause car Champex n’est qu’à 14 km avec une grosse montée.

Notre assistance nous y attend, sieste de 25 mn, un haut tout sec pour passer la deuxième nuit, toujours la bonne soupe et on repart ! Bruno et Gérard qui sont nos accompagnateurs décident de faire nuit blanche pour nous suivre et nous soutenir car la fin n’est pas de tout repos.

Nous franchissons « la Giète » et « les Tseppes » pour arriver à Vallorcine au km 153 en 40 H de course et déjà 8837 m de D+.

On repart à 10H30 et c’est la première fois que nous avons le soleil depuis notre départ Vendredi, ça fait du bien d’être en T-shirt. Ce soleil nous rebooste, il reste 18 kms avant l’arrivée à Chamonix mais il va falloir encore gravir deux grosses montées avec le « col des Montets » et « le flégère » mais on sait que c’est gagné et le sourire sur le visage de Gildas fait plaisir à voir malgré les échauffements au dos (dû au sac) et entre les cuisses.

Perso j’ai depuis un petit moment une douleur sous les talons à cause d’une ampoule sous la corne qui m’empêche de poser le pied correctement dans les descentes.

A 1 km de la ligne, nous apercevons la famille de Gildas et ses amis, ils termineront la course avec nous !!
Peu importe le temps que l’on mettra , on savoure ces instants de bonheur le plus longtemps possible : Nous franchirons la ligne de l’UTMB en 45H39 en étant ivre de bonheur !!! Les larmes coulent sur nos joues, Gildas me saute dans les bras et n’arrête pas de me remercier. Nous nous embrassons tous avec cette famille formidable et le champagne est sabré comme il se doit… L’émotion est très vive…

Voilà ce que je pouvais vous dire sur cette aventure et j’espère qu’à la lecture de celle-ci, je vous ai donné l’envie de faire l’UTMB.Depuis cette course, je considère Gildas comme un « frère » et nous sommes très soudés. Pas une semaine sans se donner des nouvelles. Des liens forts nous unissent grâce ou à cause de cette expérience.

Pour info, Gildas a monté une association M’TRAIL OXYGENE avec des amis. Malheureusement pour l’instant, elle n’est pas reconnue et les dons que nous faisons ne sont pas déductibles d’impôts mais ils avancent et ne désespèrent pas d’y réussir prochainement.

https://www.facebook.com/Mtrail-Oxyg%C3%A8ne-1713534328740384/

Explique-nous ta prépa UTMB ?

Réponse : Depuis le tirage au sort, je ne pensais qu’à l’UTMB. Je veux dire par là que je vivais UTMB toute la journée. C’est impressionnant comment cela peut vous prendre aux « tripes ».

Pour la préparation, je fais du renforcement musculaire en salle 2 fois par semaine puis également du cardio sur vélo toujours en salle. La fréquence variait entre 2 et 4 séances en fonction de la météo et des courses de préparation.

Au niveau course à pied, je faisais une sortie récup cool de 1H à 1H30 le Mardi en général. Le Jeudi je faisais du spécifique cote ou travail dans escalier d’environ 1H15 et une sortie longue le Dimanche pouvant aller jusqu’à 3H.

Enfin je suis allé en famille aux portes du Vercors pour 3 jours de travail spécial montagne 3 semaines avant l’objectif. Là, j’ai parcouru environ 70 kms pour 3300 de D+ et roulé 40 kms en VTT.

Enfin et ceci avant chaque grand course, je fais ce que l’on appelle des week end choc à 1 mois et trois semaines avant l’objectif. Le week end se pratique sur 3 jours et se décompose comme suit: Le vendredi soir, je cours 1H30 facile puis le Samedi et Dimanche je fais les mêmes séances à savoir une sortie course à pied de 2H – 2H30 suivie d’une sortie VTT d’environ 3H, voire plus si les jambes répondent bien.

J’évite de ne perdre trop de temps sur la transition course à pied – VTT. Le temps de se changer et de manger un morceau (repas du midi en général préparé par ma chérie) et je repars illico presto. Ne pas faire que de la course à pied est le meilleur moyen de préserver ses articulations et donc de durer dans le temps

Trailer qui pose avec son dossard de l'UTMB

Pour préparer l’UTMB, il me semble aussi que tu as suivi les vidéos d’un mentor, peux-tu nous en dire plus ?

Réponse : Disons que je me suis inspiré d’un traileur youtubeur que j’aime beaucoup car d’une part il filme très bien, d’autre part il a un très bon niveau de trail et enfin il donne un avis également sur des tests matériel ou vestimentaire ce qui est appréciable pour ce genre de « défi ».

Je l’ai rencontré sur le trail de Belle île en mer et j’ai eu le plaisir de discuter avec lui après la course. Son approche du trail est très intéressante et j’ai tout de suite aimé son discours. J’ai visionné ses vidéos et j’ai pris des idées et surtout conseils pour préparer cet UTMB, il s’agit de Bruno POULENARD.

https://www.youtube.com/user/poulo1177/featured

Quelle est la course la plus dure que tu as faite ?

Réponse : Je dirais la MAXI RACE à Annecy 85 kms pour 5300 de D+, ça pique surtout sur la fin du parcours.

Trailer à la maxi Race

OBJECTIFS

Quels sont tes prochains objectifs ? 

Réponse : Les courses ne manquent pas mais la « diagonale des fous » en 2020 sera mon futur gros objectif.

Après l’UTMB et la Diagonale des fous, quelles sont tes courses de rêve ?

Réponse : Deux autres courses me tiennent à coeur et elles sont complètement différentes l’une de l’autre. Un autre ultra trail qui est le « Tors des géants » (c’est environ 330 kms pour 24000 de D+ dans la vallée d’Aoste en Italie) et une course à étapes dans le désert à savoir le « marathon des sables » (là c’est 250 kms sur 5 jours avec une plus longue étape d’environ 70 kms).

Est-ce que tu t’es fixé un objectif ultime comme courir jusqu’à 100 ans par exemple, ou finir 100 ultramarathons. Tu vois comment, je fais une fixette sur le chiffre 100, c’est certainement à cause de Claude, notre jeune Runner de 86 ans qui nous a accompagné à Rome et qui a bouclé à cette occasion son 100ème marathon.

Alors comme Claude, as-tu un graal ultime ?

Réponse : Tout d’abord gros clin d’oeil à Claude et encore FELICITATIONS pour son 100ème marathon et qui plus est à 86 ans . CHAPEAU BAS MR CLAUDE et surtout RESPECT.

Coureurs prennent la pose avant un marathon

De mon côté, je ne me fixe pas d’objectif de quantité ou de record. Comme je l’ai dit plus haut, le but est de courir en préservant mon corps pour durer le plus longtemps possible. L’ultra trail est exigeant pour l’organisme et je souhaite « trainer mes chaussures » un peu partout en France déjà et si l’occasion se donne faire un peu plus à l’étranger mais en écoutant mon corps.

Le jour où mon corps dira stop sur du long, hé bien je regarderais derrière moi et verrais tout ce que j’ai fais. Et là je serais fier de ce que j’ai réalisé !

ASTUCES

Pourrais-tu nous donner un de tes secrets concernant l’alimentation ?

Réponse : Je suis assez exigeant coté alimentation. En effet je suis plutôt viande blanche, soja, poisson et je mange également beaucoup de complet (riz, pâtes). Toujours des légumes avec ceci.

Le soir je mange léger et jamais de féculents sauf en phase de recharge glucidique avant objectif. Je ne bois pas une seule goutte d’alcool et ceci depuis 12 ans .

Voilà on ne peut pas dire que j’ai un secret particulier concernant l’alimentation mais disons que je fais attention. Quand arrive l’objectif, je ne mange que des légumes du Samedi au Mercredi midi puis après ma dernière sortie du Mercredi soir, je vais manger que des féculents blancs pour refaire le stock de glycogène.

De plus à partir de ce moment et ceci jusqu’à la course du week end, je ne vais boire que de la St Yorre pour recharger le corps en sels minéraux.

Concernant les vêtements ou les accessoires, as-tu des astuces à nous livrer ? Et d’ailleurs en quelle marque cours tu ? Et quelle est ta montre GPS ?

Réponse : Depuis 3 ans je cours en HOKA SPEEDGOAT. Ce sont des chaussures qui me conviennent bien par rapport à ma largeur de pied.

Coté vêtement, j’utilise des manchons mais uniquement sur les cuisses car les quadris prennent cher sur l’ultra.

J’utilise également une ceinture SAMMIE à la taille avec porte bâtons : elle permet de mettre pas mal de choses dedans ce qui évite de trop en avoir dans le sac à dos mais surtout de gagner du temps aux ravitos car tout est à portée de main rapidement.

Coté montre, j’utilise la SUUNTO AMBIT 3 PEAK. Facile à utiliser et autonomie intéressante.

J’utilise beaucoup les bâtons  de course, c’est une aide précieuse pour la montée des cols, cela permet aux muscles de moins souffrir.

Coté sac à dos, je suis sur un Salomon 12L il est léger et sur l’UTMB, j’ai pu mettre tout le matériel obligatoire sans souci.

En course, j’ai toujours un cuissard puis un short et ceci pour éviter les échauffements entre les cuisses. Voilà les grandes lignes de mes vêtements et accessoires.

Quand on fait des ultra-trails comme l’UTMB, il faut aussi développer le mental. C’est quoi tes secrets ?

Réponse : En effet David, il faut être fort mentalement pour faire ces distances et je pense que le mental représente au moins les 3/4 de la réussite d’un ultra. Personnellement, je cours la plupart du temps seul sur mes grosses séances à savoir le travail spécifique et mes sorties longues. Pour les sorties récup, j’essaye de partager avec d’autres coureurs si l’occasion se présente sinon c’est seul que je cours. 

Quel rôle a ton entourage dans ta passion ?

Réponse : ça c’est un point hyper important que tu soulèves là car si ton entourage ne comprend pas ta passion, c’est difficile d’expliquer et de faire comprendre le pourquoi on fait de l’ultra trail.

De mon coté, j’ai une compagne qui me laisse quartier libre, c’est pourquoi j’évite de trop prendre sur nos heures de repas pour quand même avoir un moment ensemble dans la journée.

De plus dans le choix de mes courses de préparation qui m’oblige à quitter la maison le week end, je fais en sorte que ma chérie puisse venir et passer un bon moment pendant ma course. Il peut s’agir de la famille ou tout simplement d’un départ et arrivée dans une grande ville comme à Annecy pour la maxi race notamment. 

As-tu un livre, un film, une chaîne Youtube à nous conseiller ?

Réponse : Côté livre, j’ai suivi les conseils de Christophe Mallardé (qui est breton) avec son livre « guide du trail et de la course nature ». De plus, Christophe a été entraineur dans la team Salomon.

Sur Youtube, je regarde beaucoup les vidéos de Bruno Poulenard comme je l’ai déjà énoncé mais également celles de Zinzin reporter qui est un reporter trailer d’un très bon niveau.

https://www.youtube.com/channel/UCl_oudxGhPy6K3g60d-qLXA

Je suis riche de toutes les vidéos qui peuvent m’apporter un conseil, quel qu’il soit, pour réaliser la meilleure course possible. Tous détails est bon à prendre.

Utilises-tu les services du corps médical et qui en particulier ?

Réponse : Là aussi l’écoute de son corps est importante. Une petite douleur n’est pas à laisser de côté en se disant « c’est rien cela passera ».

Perso, je vois un kiné – ostéo (Joachim) toutes les 3 semaines à 1 mois en fonction des courses que j’ai programmé.

Dernièrement, j’ai eu une contracture à un mollet, par conséquent mon kiné voulait me voir 2 fois par semaine pour guérir au plus vite.

Ensuite, j’ai des semelles orthopédiques. Et là aussi, je suis tombé sur une super podologue (pour info, il s’agit de la gardienne de but de l’équipe de France de ring hokey rien que ça) : Flora est super à l’écoute de tes besoins et elle me « sculpte » des semelles au petits oignons. TROP COOL et encore UN GRAND MERCI A EUX DEUX

Tu m’as confié que la course à pied a failli s’arrêter du jour au lendemain pour toi. Peux-tu nous résumer cet épisode douloureux de ta vie de coureur ?

Réponse : Eh oui David, comme tu dis, pas facile cet épisode. Mais bon grâce à mon super Kiné (que je remercie tous les jours) tout s’est bien terminé.

En effet, j’avais une douleur persistante au niveau du talon d’Achille. Et le repos, le glaçage, les médocs , rien ne faisait.

C’est par le biais d’un collègue de travail que j’ai rencontré mon kiné et notre première rencontre fut pour le moins particulière. Il m’avait demandé de lui présenter toutes mes chaussures (ville et running), mes résultats podologue, mes radios, mes échographies …. Et il est resté 15 mn sans rien dire penché sur sa table pour tout analyser.

Puis il me fait le point et je tombe de haut, car une bonne partie des chaussures sont à jeter. Car pas bonnes pour le pied.

OUILLE , ça commence mal mais c’est lui le pro et je veux m’en sortir. Il m’explique comment il va me « gérer ».

Tout d’abord, il va me dénouer pendant un certain nombre de séances (3  mois quand même). Puis vient un rendez vous avec un médecin du sport spécialisé dans le tendon d’Achille qui, avec l’avis de mon kiné, décide de me faire passer une IRM.

Et là, le verdict tombe. J’ai une excroissance osseuse qui me râpe l’intérieur du tendon à chacune de mes sorties.

RDV avec un chirurgien spécialiste des membres inférieurs qui ne va pas y aller par 4 chemins :

  • soit il opère et je pourrai recourir « normalement » sans douleurs,
  • soit on laisse comme ça avec un risque pour le tendon.

Opération = 2 mois d’arrêt pas facile quand on bosse mais le choix est vite fait. C’est OK pour l’opération et depuis j’ai retrouvé mes capacités d’avant.

Je dois bien dire que ce moment de ma vie de coureur n’a pas été facile. Mais je ne me voyais pas ne plus courir ne serait ce qu’un marathon. Là encore MERCI à ce chirurgien. 

LES QUESTIONS QUI TUENT

Maintenant, la première question qui tue : Pourquoi cours tu ?

Silhouettes de coureur

Réponse : Je fais du sport depuis l’âge de 7 ans avec du sport collectif (foot, volley, basket) puis une période de ma vie pas facile m’a obligé à arrêter les sports collectifs. C’est pourquoi je me suis dirigé vers le footing dans un premier temps puis j’ai allongé les distances.

Je me suis inscrit dans une association qui faisait leur sortie annuelle quelque temps après. Il s’agissait du marathon du Médoc et voilà comment a commencé l’aventure route puis trail.

COURIR est un plaisir, cela permet d’évacuer les tracas de la vie professionnelle en se retrouvant entre amis et de parler de tout et de rien.

Et puis le sport j’aime ça tout simplement. 

Est-ce qu’il y a une question que je ne t’ai pas posée et que tu aurais aimée ? Si oui, laquelle et ta réponse ?

Réponse : Peut être que j’aurai pu parler de ce point dans une question précédente mais pour faire de l’ultra, il faut bien sûr de l’entrainement (sous toutes ses formes en fonction du terrain que nous avons et du temps à consacrer), du bon matériel (à tester pendant les séances), du médical (ne pas laisser une gêne s’installer). Mais surtout sur un ultra, nous allons courir des heures et des heures et ce qui nous permet d’avancer ce sont nos pieds.

Il est impératif pour moi de bien préparer ses pieds à ces efforts car c’est trop souvent négligé par les coureurs.

J’ai eu la chance pendant ma prise de dossard sur l’UTMB de discuter avec un podologue et celui ci me faisait remarquer que la principale cause d’abandon sur cette course était une mauvaise préparation des pieds.

Il m’a demandé ce que je faisais pour cela. Et après lui avoir expliquer, il a approuvé et me dit que c’est tout à fait cela qu’il faut faire.

Je peux vous dire qu’avant même le départ de cette course, je me sentais rassuré sur ce point et donc paré à affronter ce défi. 

La question est donc :  » Que fais tu pour bien préparer tes pieds pour un ultra ?  » 

La préparation des pieds commence trois semaines avant l’échéance avec un tannage matin et soir avec le produit « TANO ».

La deuxième semaine, j’applique TANO le matin et je commence à mette de la pommade NOK le soir en faisant bien pénétrer.

Puis la dernière semaine, j’applique uniquement la crème NOK matin et soir jusqu’à la veille du départ.

Le TANO peut être remplacé par du jus de citron mais faites attention si vous avez des petites gerçures car ça va piquer LOL.

Enfin, je coupe mes ongles de pieds 8 à 10  jours avant la course.

Tout ceci est testé et approuvé pour ma part mais cela ne veut pas dire que ce sera le cas pour tous, c’est à chacun de trouver la bonne formule en fonction de ses expériences et de ses ressentis mais surtout ne négliger pas ce point.   

Cher Philippe, voici déjà la dernière question. Et il faut que je te prévienne, elle est un peu spéciale.

Alors voilà, tu vas organiser un dîner magique. Et à cette soirée magique, tu as le pouvoir d’inviter trois personnes de ton choix. Ces personnes peuvent être des célébrités, françaises ou étrangères car tu as le pouvoir que tout le monde parle français à table, mortes ou vivantes car tu as le pouvoir de les ressusciter. Vas-tu choisir des célébrités du Running ou pas ?

Alors, qui inviterais-tu ? Et surtout, dis-nous pourquoi ?

Réponse : Trois personnes ??????

Eh bien, et je risque peut être de surprendre certains de tes lecteurs, je n’inviterai pas des célébrités à ce premier repas.

En effet j’aimerai qu’un de mes grands-pères et qu’une de mes grands-mères (tous décédés) soient à cette table car ils ont beaucoup comptés pour moi dans ma jeunesse mais aussi plus tard.

Les revoir autour de moi en pleine forme serait vraiment TOP.

Alors oui tu vas me dire mais cela ne fait que deux. D’accord avec toi, donc je dirai à ma compagne de se joindre à nous pour qu’elle puisse les connaitre car ils étaient vraiment formidables. 

Running - Montres Connectées

Et comme tu n’as pas choisi des célébrités du monde du Running, je t’offre la possibilité de faire une deuxième soirée magique. Mais cette fois, il y a une règle en plus : l’obligation de choisir des sportifs !

Alors, qui inviterais-tu ? Et surtout, dis-nous pourquoi ?

Réponse : Que des sportifs !

Réfléchissons rapidement et le premier nom qui se présente à moi est tout simplement Fançois d’Haene (on ne le présente plus : François D’Haene, né le 24 décembre 1985 à Lille, est un sportif français de haut-niveau, spécialiste de l’ultra-trail. Il a notamment remporté l’UTMB en 2012, 2014 et 2017, ainsi que le Grand Raid en 2013, 2014, 2016 et 2018). Même si je l’ai déjà côtoyé, il reste pour moi un homme d’une simplicité rare ainsi qu’une gentillesse totale. Il prend le temps de discuter avec tout le monde et Dieu sait s’il est sollicité.

En second j’aimerai que Jesse Owens (Quadruple médaillé d’or lors des Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin) participe à ce diner pour connaitre son vécu pendant ces JO devant Hitler.

Jesse Owens au départ

Enfin, et le choix n’est pas simple, je dirai Yannick Noah pour sa niaque, son franc parler et sa faculté à transcender un gars pour le faire gagner.

Voilà David, j’espère que les réponses te plairont, en tout cas perso, ce fut un plaisir de répondre à cet interview.

Bonne lecture à toutes et à tous.

Conclusion de David

Amis Runners, je vous avais promis que Philippe Lechable est un gars extra et appartient à la race des Ultra-Terrestres.

Pendant son récit de l’UTMB, j’avais vraiment l’impression d’être à côté de Philippe et Gildas. Bravo les Héros !

Encore merci à lui de s’être confié ainsi et d’avoir partagé ses secrets.

Vous êtes d’accord avec moi pour dire qu’il mérite sa place sur ce blog à côté des Kilian Jornet (https://objectif-running.com/ultra-terrestre-kilian-jornet/) ou encore Grégoire Chevignard (https://objectif-running.com/category/culture-running/).

En ce qui me concerne, je souhaite de nouveau poser mes running dans ses pas dans un prochain trail, et pourquoi pas un jour lui demander de m’épauler pour l’UTMB… A bientôt Philippe et je suis sur que tu vas te régaler en lisant l’interview de Laurent Launoy :

https://objectif-running.com/linterview-dun-ultra-terrestre-laurent-launoy-et-les-conseils-dun-sage-trailer/

QUE L’OXYGENE SOIT AVEC VOUS !

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1 réflexion au sujet de « L’interview d’un Ultra-Terrestre : Philippe Lechable et son UTMB »

  1. Super l’interview Philippe et bravo à David le blogueur.
    Tout est dis avec un franc parler, le vrai traileur qui m’a ramener à chamonix un dimanche après-midi d’aout…
    Vivement le swiss canyon trail et ensuite le gros morceau la diagonale des fous en 2020.
    Vive le trail les amis !!!

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